J'ose pas sauter le pas
Une de mes collèges de bureau s'intéresse depuis quelques années déjà au végétarisme et du coup il nous arrive de discuter de mon changement d'alimentation. C'est très agréable pour moi parce qu'il est rare de trouver une personne qui ne se pose pas de question à mon sujet mais sur sa propre alimentation et ses propres choix. Autant lire les convictions de gens que l'on ne connaît pas, via leurs blogs ou des forums, est intéressant, autant l'échange direct est encore plus stimulant.
Elle le dit ouvertement, elle n'aime pas cuisiner la viande, elle n'achète quasiment plus de viande rouge et sa fille est très sensible au fait de manger des animaux. Cependant elle aime beaucoup le poisson même si elle a pas mal réduit sa consommation et ce qui cloche, au delà du changement alimentaire pour la famille, c'est le côté vie sociale. Et là, je comprends bien ce qu'elle redoute pour passer par là moi aussi.
Nos problématiques sont un peu différentes : pour elle il y a l'implication de la famille et le fait de changer le régime alimentaire de 3 personnes en plus d'elle, 3 personnes qui n'en n'ont peut-être pas envie ou qui sont trop jeunes pour comprendre; pour moi le non changement de mon conjoint, même si ce dernier mange souvent comme moi, quand on va au resto il se pose la question de savoir si je vais pouvoir manger alors que moi je suis persuadée que je trouverai un plat qui me conviendra. Il ne critique pas ma démarche et fait attention à ce que je ne "peux pas" manger comme il dit.
J'ai beau lui expliquer que je "peux tout manger", je ne me prive pas, je choisis ce que je mange, mais pour lui ça reste des interdits, pas des choix.
Les invitations chez les amis ou la famille ça pêche aussi. Forcée de constater qu'il y en a moins, qu'on me dit d'amener quelque chose que je "peux" manger - à croire qu'eux se nourrissent uniquement de viande en entrée/plat/dessert ^^ - ou que les gens pataugent un peu.
La dernière fois chez mes beaux-parents, belle maman voulait faire une tarte au citron avec des fruits oléagineux dans la pâte car elle a lu que les végétariens en mangeaient beaucoup (raté le fond de tarte, il a fini en sablés délicieux), et du poisson en plat principal ! "Ah mince, tu manges pas de poisson non plus !". Ces attentions sont gentilles et montrent que mon entourage a pris en compte et respecte ma nouvelle alimentation, mais ça prouve aussi que ça reste compliqué pour eux et que la plupart des gens ne savent pas ce qu'est le végétarisme.
Mais il y a de l'évolution si je compare à 6 mois en arrière, on me demande quoi préparer, on me propose d'amener quelque chose au cas où ce qui sera sur place ne convient pas (je préfère quand même ça que tuer le pot de cacahuètes de l'apéro !) alors ça me donne envie d'aider ma collègue à "sauter le pas" comme elle dit. Alors j'argumente : "mes résultats sanguins sont meilleurs,... j'ai une pêche d'enfer,... j'ai mis le temps pour trouver des aliments qui me conviennent et j'ai pas fini de chercher, si tu veux je te ferai goûter quand tu viendras ..., j'ai testé des trucs dégueux moi aussi ..."
Mais ce que j'aurai du lui dire, et que je lui dirai si elle ne le lit pas avant, c'est : "Je suis heureuse de mon choix parce que je me sens en accord avec moi même et que je me sens bien dans mon corps. Te poses plus de questions, essayes. Oui au début c'est flippant parce qu'il y a des réflexions, qu'on sait pas trop quoi cuisiner "à la place" (hop un petit coup d'oeil sur les premiers repas de végétarisme de Julika), mais ça vaut le coup d'emmerder tes potes quand ils t'invitent parce qu'ils changeront pour toi et s'adapteront et toi, tu te sentiras mieux."
Pour celles et ceux qui se demandent aussi comment se lancer, voici un billet d'Elise Desaulniers qui pourra vous aider, il n'y a pas qu'un chemin qui mène au végétrisme ...